Journées du patrimoine 2017

Journées du patrimoine 2017

Exposition à l’Eglise de Tourville La Campagne

Le 17 Septembre 2017

 

En 2016, notre Exposition était consacrée aux « Portraits de guerre par Marcel Delaunay » pour marquer le centenaire de la Première guerre et la participation de notre « grand Tourvillais » 1

Cette année 2017, c’est encore lui que nous souhaitons honorer en l’anniversaire des 90 ans de l’Association des Monuments et Sites de l’Eure, qu’il créait en 1927.

La vérité historique de son « ancrage » dans notre village… peut-être aussi la modestie de nos moyens…nous font choisir le thème de :

« Marcel Delaunay au Service du Patrimoine de Tourville La Campagne »

Installé à Tourville en 1912, à la suite de son mariage (avec une demoiselle Jouen), il engage très tôt une « bataille » pour le patrimoine, parallèlement à la poursuite de son activité de Peintre (expositions régulières au Salon des Artistes Rouennais).

√ A peine démobilisé après 1918, il participe très activement au projet du Monument aux Morts qui concerne alors aussi bien Tourville que tous les villages de France. Il s’occupe entre autres de la souscription nécessaire. Faisant appel à un de ses amis, célèbre sculpteur, Paul Landowski, il obtient de lui une proposition à titre gracieux. Malheureusement, en Février 1920, le Conseil Municipal décide de supprimer le vieux cimetière, ce qui conduit P. Landowski à retirer son projet, finalement réalisé au Neubourg, toujours grâce à l’entremise de M. Delaunay. Hélas, le monument du Neubourg fut détruit lors des bombardements de 1944.

Finalement, c’est le sculpteur Louis Lejeune, prix de Rome (auteur à Paris des statues de la Fontaine du Trocadéro), qui sera chargé du monument de Tourville en réalisant la plaque de bronze qui y est insérée. Il assurera aussi la nouvelle patine en 1935, après dépose et repose « à fleur de pierre ».

 

(1) à noter la parution en 2015 d’un ouvrage passionnant (Cécile Coutin) sur le camouflage « inventé » à l’occasion du conflit. Intitulé « Trompez l’ennemi », il rend hommage en particulier à la « Section de camouflage » dont faisait partie Marcel Delaunay (classe 1896).

 

Après le classement du Site de l’Eglise dont fait partie le Monument aux morts en 1932, c’est encore M. Delaunay qui intervient en 1946 pour éviter un « lessivage » intempestif, auquel s’oppose « l’inspecteur des Sites » de l’époque (ancêtre de notre Architecte des Bâtiments de France).

En 1928, il défend rigoureusement la vente du Presbytère jusqu’à emporter la décision. Devant la faiblesse du loyer de l’époque et les charges d’entretien, la disparition du bâtiment était à craindre ! la vente et les restaurations successives ont permis à la place de l’Eglise de garder sa cohérence historique.

Le classement du site en février 1932, incluant l’Eglise, le calvaire, l’if et le Monument aux Morts résulte également de ses efforts incessants, à la fois auprès du Ministère «  de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts » et de la Préfecture pour protéger l’essentiel du patrimoine de notre commune…l’if par exemple aurait été menacé en 1927, d’où un premier classement partiel en 1928.

Les travaux de l’Eglise.

C’est très naturellement à l’Eglise de Tourville que M. Delaunay consacre l’essentiel de ses efforts, devenue grâce à lui « un des joyaux de notre Région »  (citation de M. Duramé, un des successeurs à l’AMSE.)

  • En 1935 (?), il fait réparer les jambes du Christ de la Piéta par un statuaire agréé des Monuments historiques M. Fouché.

Rappelons ici qu’il se charge, personnellement, d’ôter les repeints de la Piéta en ne lui laissant que les traces subsistantes de sa polychromie d’origine (XVIème siècle). Ses amis le décrivent au travail « décapant avec la pointe d’un petit canif » ! (témoignage du chanoine Blanckaert).

  • A l’été 1935, réfection de la couverture, versant sud de la nef.
  • En juin 1940, les bombardements occasionnent de graves dommages : « la couverture de l’’Eglise et celle du clocher sont crevées ». En l’absence de Marcel Delaunay parti pour Castres 2, l’AMSE se mobilise pour obtenir fin 1942, un crédit de 100 000 francs, qui nécessite l’autorisation de la Kommandantur (Tourville est en zone occupée !) les travaux sont réalisés à partir de novembre 1942.
  • De retour fin 1943, ayant repris la Présidence des Amis des Sites et Monuments de l’Eure, il est sollicité pour des travaux encore plus importants, cette fois c’est le chœur qui a été touché en août 1944 : toiture et les quatre vitraux, s’y ajoutent la réfection du clocher, datant des dégâts de 1940, et la réparation des cloches dont la 3ème doit être refondue en 1952 par l’Entreprise Biard-Roy parce que « complètement cassée ».

Les travaux sont immenses, les matériaux rares (du chêne sec pour la charpente du clocher, 5 tonnes d’ardoise d’Angers pour la toiture !), et les budgets très importants.

De nouveau Marcel Delaunay prend en charge non seulement la coordination de l’ensemble mais la responsabilité d’une souscription qui viendra compléter les fonds du Ministère de la Reconstruction et l’apport de la Mairie (dirigée après-guerre par M. Pierre Lenoble).

Les quatre nouveaux vitraux, réalisés par l’atelier Hebert-Stevens à Paris (peintre verrier P. Peugniez) sont :

– « Saint-Ouen », offert par les habitants de Castres 2

– « Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus et prisonnier en prière Stalag VIIIc », offert par la famille Marcel Hue

– « Saint Thaurin » évêque, offert par la souscription lancée par M. Delaunay (35 000 francs 1946)

– « Reine de la paix », offert par la famille Louis Mettais.

 

Les vitraux sont solennellement bénis par Monseigneur Gaudron, évêque d’Evreux, le 6 octobre 1946 ; Marcel Delaunay parle dans un article de l’Indépendant de l’Eure de « continuer à panser les blessures… de notre charmant sanctuaire… grâce à quatre vitraux remarquables par leur caractère et la puissance de leurs coloris … »

√ Après la légion d’honneur en 1948 et la médaille de Goya reçue à Castres 2 en 1953, une émouvante manifestation réunit ses amis à Tourville, à l’occasion de ses 80 ans !

Il décède chez lui à Tourville, en 1959, après une vie consacrée à la « défense et illustration » du Patrimoine.

 

(2) De 1940 à fin 1943, Marcel Delaunay séjourne à Castres où trouvant le musée local « dans un épouvantable capharnaüm », il entreprend de le réorganiser en mettant en valeur plusieurs Goya dont l’immense « Junte des Philippines ». En juin 1945, le Musée rouvre en sa présence, et devient officiellement le Musée Goya. En reconnaissance, lorsqu’il les appelle à l’aide pour restaurer « sa chère Eglise », la souscription des « habitants de Castres », permet de financer le vitrail de Saint Ouen, Saint patron de notre Eglise.

 

Il faut citer à nouveau, pour conclure, l’hommage de Maurice Duramé (Secrétaire général de l’AMSE) : «  ce travailleur infatigable, ce citoyen d’un dévouement illimité, ami du beau, ne désarma jamais devant la laideur, la négligence et la vulgarité…de sa main ferme, il a malgré vents et orages, tenu le flambeau assez haut…pour qu’il continuât à éclairer le route des défenseurs de la beauté ».

Notre exposition se propose d’illustrer ce parcours par de nombreux tableaux ou dessins issus de nombreux prêts de Tourvillais qu’ils soient tous ici remerciés pour leur généreuse contribution à cet hommage.

 

Tél. Amis de l’Eglise 06.07.55.56.80